Zoom sur … la peste (pour des raisons d’actualité*)
– L’agent pathogène est Yersinia pestis, un bacille à Gram négatif découvert en 1894 par Alexandre Yersin
– Période d’incubation: 1–6 jours
– Mode de contamination: piqûre par des puces infectées; les rats sont le réservoir et le contact avec ces rats est potentiellement infectieux
– Formes cliniques: peste bubonique, peste septicémique, peste pulmonaire
– Transmission interhumaine: transmission (par gouttelettes) possible chez les personnes en contact étroit (peste pulmonaire), jusqu’à 6 jours au maximum après le contact
– Définition de «contact étroit»: distance de moins de 2 mètres par rapport à une personne infectée avec toux sanglante
– Prophylaxie après contact documenté: doxycycline, ciprofloxacine, lévofloxacine durant 7 jours
* Peste pulmonaire à Madagascar (oct. 2017): Madagascar connaît actuellement une épidémie exceptionnelle de peste pulmonaire; depuis août 2017, 849 cas potentiels (état au 12.10.17) ont été signalés.
Fibrillation auriculaire: survenue plus fréquente et 10 ans plus tôt chez les hommes
Dans une étude de cohorte prospective (quatre cohortes européennes différentes) menée avec près de 80 000 sujets âgés d’env. 50 ans au début de l’étude (sans fibrillation auriculaire à l’inclusion dans la cohorte), l’incidence de la fibrillation auriculaire a augmenté en flèche après l’âge de 50 ans chez les hommes, mais seulement après l’âge de 60 ans chez les femmes. Après une période d’observation de 12,6 années, 6,4% des hommes et 4,4% des femmes présentaient une fibrillation auriculaire. Pour les deux sexes, la probabilité de développer une fibrillation auriculaire était corrélée avec tous les facteurs de risque cardiovasculaire connus, à l’exception du diabète sucré et de la concentration de cholestérol total. Pour cette dernière, une corrélation inverse a été observée de façon inattendue et inexpliquée. Notamment chez les hommes, la corrélation avec le surpoids (IMC) était particulièrement marquée.
Bien que les femmes développent une fibrillation auriculaire 10 ans plus tard, il convient de garder à l’esprit que leur risque d’ischémie cérébrale causée par une fibrillation auriculaire est plus élevé que celui des hommes.
Perfusions de fer pour améliorer la fonction cardiaque?
Une étude a analysé la possible influence de l’administration de fer (carboxymaltose ferrique) par voie intraveineuse sur la consommation maximale d’oxygène chez des patients atteints d’insuffisance cardiaque à fonction systolique réduite (fraction d’éjection <45%) recevant un traitement médicamenteux optimal de l’insuffisance cardiaque. L’indication était la «carence martiale fonctionnelle», comme elle est nommée dans la littérature cardiologique (ferritine sérique <100 ng/ml ou ferritine de 100 à 300 ng/ml associée à une saturation de la transferrine <20%). Les doses de fer administrées étaient comprises entre 500 et 1500 mg. Selon cette étude et d’autres études dans l’ensemble plutôt petites, la résistance à l’effort était significativement meilleure (après 24 semaines), indépendamment du taux d’hémoglobine.
Quelle conséquence pour la pratique? Je pense que la prudence est encore de rigueur et qu’il convient d’attendre les résultats des études actuellement en cours analysant des paramètres d’évaluation cardiovasculaire pertinents sur le plan clinique à plus long terme. La thérapie ferrique a pourtant déjà fait son entrée dans les recommandations. Toutefois, le fait qu’en cas d’insuffisance cardiaque – dans une certaine mesure, une maladie également inflammatoire – les concentrations accrues d’hepcidine entraînent l’inhibition de l’absorption duodénale du fer et de la libération depuis les réserves de fer pourrait également jouer un rôle (protecteur). Le fer est une molécule hautement réactive qui, dans d’autres contextes, est tout à fait cardiotoxique (hémochromatose).
Trois études en cours, voir: www.clinicaltrials.gov (NCT0303793, NCT02642562, NCT03036462).
Rédigé le 17.10.2017.
Toujours digne d’être lu
Crise de porphyrie déclenchée par une restriction calorique
Dans un hôpital militaire, un jeune homme afro-américain âgé de 18 ans, qui a toujours été en surcharge pondérale, se voit prescrire un régime zéro calorie en raison de son surpoids, qui pourrait aujourd’hui quasiment être considéré comme modéré (91 kg, 173 cm). Après 1 semaine, il est en proie à des nausées et des vomissements, suivis de crampes abdominales avec péritonite.
Non, il ne s’agit pas d’une acidocétose liée au jeûne. En fait, le dosage du porphobilinogène dans les urines s’est révélé positif à plusieurs reprises et les résultats positifs ont persisté jusqu’à 3 jours après la fin des symptômes (suite à des perfusions de glucose).
Cette observation contrôlée [1] a établi le jeûne comme déclencheur dangereux de crises de porphyrie. Des années plus tard, Handschin et al. (une «plume suisse», là encore …) ont trouvé que la stimulation induite par le jeûne du PGC-1 («peroxisome proliferator-activated receptor-coactivator-1») entraînait une augmentation de la gluconéogenèse et une synthèse accrue d’acide aminolévulinique [2].
Argumentaire en faveur de la vaccination contre la rougeole
Suite à la hausse continue des cas de rougeole, le Centre européen de prévention et contrôle des maladies («European Centre for Disease Prevention and Control») a lancé une campagne d’information, qui a également pour objectif d’aider les professionnels de santé à améliorer leur travail de persuasion quant au bien-fondé et à la nécessité d’une vaccination contre la rougeole.
Néonicotinoïdes dans le miel: pas nocif pour l’être humain, mais pour les abeilles
Les néonicotinoïdes sont les pesticides les plus utilisés à travers le monde. Dans une analyse mondiale d’échantillons de miel d’abeille, 75% de tous les échantillons étaient contaminés par ces néonicotinoïdes. Les concentrations mesurées étaient toutes inférieures à la limite supérieure au-delà de laquelle une consommation par l’homme serait interdite. Il se pourrait toutefois qu’il n’en soit pas de même pour les abeilles! En effet, ces substances sont des neurotoxines qui altèrent la précision de navigation des abeilles, ce qui peut aboutir à une plus mauvaise pollinisation des plantes.
Le dosage de la troponine a permis d’affiner le diagnostic du syndrome coronarien aigu, et des concentrations élevées de troponine sont associées à un pronostic plus défavorable. Une étude rétrospective israélienne réalisée à Netanya1 a montré qu’un dosage de la troponine a été demandé pour la moitié (!) de toutes les admissions en urgence (dans les services de cardiologie et de médecine interne). Un tiers de ces dosages ont révélé des concentrations accrues, mais dans la grande majorité des cas chez des patients sans angor ni altérations ECG typiques d’une ischémie. Le test n’a apporté aucun bénéfice chez ces patients, mais a amené à la réalisation d’examens supplémentaires inutiles.
Des chiffres similaires pourraient bien exister en Suisse. Donc: commencer par déterminer la probabilité pré-test sur la base de l’examen clinique et le l’électrocardiogramme, puis cocher (le cas échéant) la case «troponine»!
