Sans détour
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Sans détour

Aktuelles aus der Wissenschaft
Édition
2023/03
DOI:
https://doi.org/10.4414/fms.2023.09343
Forum Med Suisse. 2023;23(03):840-841

Affiliations
Rédaction scientifique Forum Médical Suisse

Publié le 18.01.2023

Afin que vous ne manquiez rien d’important: notre sélection des publications les plus actuelles.

Zoom sur…
Sclérodermie systémique
La sclérodermie systémique (ScS) est une maladie auto-immune rare caractérisée par une fibrose de la peau («sclérodermie») ou des organes internes et le développement d’une vasculopathie.
Parmi toutes les maladies rhumatismales, la ScS affiche le taux de mortalité le plus élevé. Sa faible prévalence et ses manifestations hétérogènes rendent le diagnostic (précoce) difficile.
La fatigue et le phénomène de Raynaud sont des signes précoces non spécifiques. Dans ce contexte, la microscopie du pli de l’ongle et la sérologie des anticorps revêtent une importance décisive: en cas de microscopie normale et d’absence de détection d’anticorps, <1,5% des patientes et patients développent une ScS sur le long terme.
Presque toutes les personnes atteintes ont des anticorps antinucléaires (ANA) positifs. Les sous-sérologies sont utiles pour le phénotypage supplémentaire.
Une atteinte organique doit être activement recherchée. Les organes les plus souvent touchés sont la peau, le tractus gastro-intestinal et les poumons, plus rarement le cœur, les reins et le système musculo-squelettique.
L’atteinte pulmonaire et le développement d’une hypertension artérielle pulmonaire sont des facteurs pronostiques pertinents. Le dépistage comprend dès lors, en plus de l’évaluation clinique et des analyses de laboratoire, une tomodensitométrie du thorax et une échocardiographie. Grâce à la disponibilité des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, la crise rénale sclérodermique est en revanche devenue rare.
Le traitement dépend des atteintes organiques et des symptômes: il repose principalement sur des approches immunomodulatrices, vasodilatatrices et symptomatiques.
En principe, une prise en charge de ces patientes et patients complexes dans un centre disposant de l’expertise nécessaire est indiquée. Une orientation précoce vers de telles structures est décisive pour les options thérapeutiques (participation à des études!) et la qualité du traitement.
Lancet. 2022, doi.org/10.1016/S0140-6736(22)01692-0.Rédigé le 30.12.2022_HU.

Pertinent pour la pratique

Phase prodromique dans la maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson compte parmi les maladies neurodégénératives les plus fréquentes: en Suisse, elle touche plus de 15 ​000 personnes. La détection clinique précoce est décisive pour le succès du traitement et le contrôle des symptômes.
Une grande étude cas-témoins [1, 2] menée aux Etats-Unis a donc analysé les symptômes au moment de la pose du diagnostic et pendant les trois années qui ont précédé: il s’est avéré, sans véritable surprise, que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson présentaient déjà des limitations fonctionnelles au cours des trois années ayant précédé la pose du diagnostic. Ces limitations fonctionnelles concernaient avant tout les activités impliquant la force et la mobilité et étaient significatives pour la capacité à marcher sur une distance de six pâtés de maisons d’affilée, à se relever seul d’une position à genoux et à soulever un objet lourd au-dessus de la tête. Le questionnaire n’a pas abordé la difficulté à écrire ou la modification de l’écriture (mot-clé: micrographie croissante) – une problématique qui a été récemment illustrée de manière saisissante dans cette revue [3].
Malgré certaines limites méthodologiques, cette étude constitue un rappel important pour le dépistage précoce des patientes et patients atteints de la maladie de Parkinson: pour un traitement symptomatique précoce et pour des interventions neuroprotectrices dans une phase où les neurones dopaminergiques ont encore une certaine fonctionnalité.
1 JAMA Neurol. 2022, doi.org/10.1001/jamaneurol.2022.4621.
2 JAMA Neurol. 2022, doi.org/10.1001/jamaneurol.2022.4157.
3 Forum Med Suisse.2022, doi.org/10.4414/smf.2022.09024.
Rédigé le 3.1.23_HU.

Pour les médecins hospitaliers

Chirurgie de pontage ou angioplastie?

En cas d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI), les douleurs au repos, les ulcères ou la gangrène au niveau des membres inférieurs sont une indication indiscutable pour une intervention. Angioplastie par ballonnet endovasculaire ou pontage chirurgical?
Dans une étude randomisée internationale, ces deux interventions ont été comparées chez 1830 patientes et patients ayant un âge moyen de 67 ans, avec des contrôles réalisés tous les six mois. Le critère d’évaluation était la combinaison «amputation/ ré-intervention majeure /décès». Globalement, les résultats étaient comparables pour le pontage et l’angioplastie endovasculaire sur une période d’1,6 an. Il en était de même pour les critères d’évaluation secondaire, tels que la morbidité et la mortalité périopératoires. Cependant, lorsqu’il était possible d’utiliser une veine grande saphène intacte pour l’opération, l’intervention chirurgicale présentait un avantage significatif sur 2,7 ans: le critère d’évaluation était atteint chez 42,6% des personnes traitées par chirurgie, contre 57,4% des personnes ayant subi une intervention endovasculaire (p<0,001).
Bien que l’expérience puisse jouer un rôle, la présence d’une veine saphène appropriée doit absolument être prise en compte dans le choix de l’intervention.
N Engl J Med. 2022, doi.org/10.1056/NEJMoa2207899.
Rédigé le 3.1.23_MK.

Cela nous a également interpellés

Reprise de Noël: Don’t believe (every) hype

Comme de coutume tous les ans: depuis maintenant 40 ans, le «British Medical Journal» publie à la fin de l’année un double numéro d’articles originaux, bizarres, pleins d’humour et – nota bene – scientifiquement irréprochables et d’une grande qualité méthodologique.
Sous la rubrique «Don’t believe the hype», il y avait en 2022 une série d’articles sur les tendances en médecine et dans la société, entre autres une étude sur les capacités diagnostiques de l’intelligence artificielle (IA) dans la pratique quotidienne radiologique. Les auteurs y ont examiné si un programme d’IA pouvait passer avec succès l’examen de la «Fellowship of the Royal College of Radiologists». Le candidat IA, un programme commercial déjà utilisé dans dix institutions européennes, a été formé au préalable sur la base d’1 million d’images. La performance de l’IA a été comparée à celle de 26 radiologues fraîchement diplômés dans dix sessions d’examen au total. Chaque session était composée de 30 images à interpréter en 35 minutes, un taux de réussite de 90% (27 images) était nécessaire pour réussir l’examen.
Après avoir interprété l’ensemble des 300 images, le candidat IA s’est classé à l’avant-dernière place par rapport aux 26 participants humains à l’examen et a réussi 2/10 examens – les radiologues 4/10 en moyenne.
Toutefois, lors d’un des examens, le programme d’IA a obtenu les meilleurs résultats, ce qui souligne le potentiel de cette technologie. Même les domaines médicaux hautement numérisés ne seront cependant pas remplacés par l’IA dans un avenir proche.
Rédigé le 30.12.22_HU.

Cela ne nous a pas réjouis

Publish or perish

Les études randomisées contrôlées (ERC) se trouvent tout au sommet de la pyramide des preuves médicales: leur susceptibilité aux erreurs systématiques («biais») est faible, et elles constituent en même temps des bases importantes pour les méta-analyses et le développement de lignes directrices. L’impact des résultats rapportés de façon erronée est donc important.
Une analyse de plus de 500 ERC issues de six disciplines médicales différentes a refait les calculs statistiques respectifs. Dans pas moins de 60 études (13%), la valeur p rapportée n’a pas pu être reproduite, dans 11 d’entre elles – toutes des études positives (!) – la valeur p était supérieure au seuil de 0,05 après ré-analyse. Les auteurs proposent donc d’examiner pourquoi ces erreurs se sont produites et comment elles pourraient être évitées à l’avenir.
La question de savoir si la divulgation préalable des données brutes est le bon instrument pour y parvenir ou si cette mesure ne fait que déplacer la manipulation à un autre niveau reste ouverte. Toutefois, le fait est que les résultats positifs des études sont plus faciles à publier que les données négatives. En même temps, il existe une énorme pression académique qui pousse à publier. Cette combinaison rend l’activité scientifique vulnérable à l’embellissement, voire à la fabrication de résultats. Les ERC ne sont évidemment pas épargnées par cette évolution.
J Gen Intern Med. 2022, doi.org/10.1007/s11606-022-07799-5
Rédigé le 30.12.22_HU.
Cela nous a réjouis
Les femmes sont-elles plus empathiques que les hommes?
La réponse est oui. Cela a été évalué dans une grande étude portant sur >300 000 volontaires de 57 pays différents, âgés de 16 à 70 ans. Le test employé était une évaluation fréquemment utilisée, à savoir «Reading the mind in the eyes», qui a été réalisée en anglais. Il s’agit d’évaluer, à partir de 36 photos d’yeux et de quatre réponses, quelles pensées et quels sentiments les yeux expriment le mieux. Plus le nombre de réponses correctes est élevé, plus l’empathie est grande.
Item 19 du test «Reading the Mind in the Eyes» avec les réponses possibles: a) arrogant, b) reconnaissant, c) sarcastique, d) hésitant. (De: Greenberg DM, et al. Sex and age differences in «theory of mind» across 57 countries using the English version of the «Reading the Mind in the Eyes» Test. Proc Natl Acad Sci USA. 2023;120(1):e2022385119. doi: 10.1073/pnas.2022385119 . This open access article is distributed under CC BY 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by/4.0 ).
© 2022 the Author(s). Published by PNAS, CC BY 4.0.
Dans 36 pays, les femmes avaient des scores significativement plus élevés que les hommes. Dans 20 pays, le score des femmes était supérieur ou égal à celui des hommes, mais la différence n’était pas significative. La Suisse fait partie de ces derniers. Ce n’est qu’en Colombie que les hommes ont obtenu des résultats légèrement meilleurs, là aussi sans différence significative. Cette supériorité des femmes s’est manifestée indépendamment de l’âge, de manière constante de 16 à 70 ans. Dans 16 pays, le test a également été traduit dans la langue nationale afin d’éviter les problèmes de compréhension liés à la langue anglaise, sans que les résultats ne soient modifiés.
En réalité, ce résultat n’est guère surprenant. Si les résultats avaient été inversés, on se serait sans doute méfié des données. Pourtant, il est remarquable que l’empathie de la femme n’est jamais inférieure à celle de l’homme, quelle que soit la culture et quel que soit l’âge!
Si vous aussi, vous avez envie de faire ce test en allemand: asperger-forum.ch (sous «Selbsttests»).
PNAS. 2023, doi.org/10.1073/pnas.2022385119. Rédigé le 31.12.22_MK.